Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hasan Nasrallah, durant la cérémonie commémorant le 40e jour après le jour de ‘Ashura - 3 Janvier 2012
[Section
religieuse du discours]
[Salutations]
Je
cherche refuge auprès d’Allah contre Satan le maudit (lapidé).
Au
nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Louange
à Dieu, Seigneur des Mondes.
Que
la paix et le salut soient sur notre maître, le Sceau des Prophètes
Abul Qasim Muhammad b. Abdallah, ainsi que sur sa noble et pure
famille, ses compagnons choisis et fidèles, et sur l’ensemble des
Prophètes et Messagers.
Savants,
députés, frères et sœurs, que la paix d’Allah soit sur vous
tous, ainsi que Sa miséricorde et Ses bienfaits.
Que
la paix soit sur toi ô mon maître et commandeur, ô Aba ‘Abdillah
al Hussein, ô fils (descendant)
du Prophète, ainsi que sur les âmes qui sont tombées à tes côtés,
et qui se réunissent autour de ton sépulcre. Recevez de notre part
le salut et la paix perpétuels, aussi longtemps que nous vivrons,
aussi longtemps que dureront le jour et la nuit. Que Dieu ne fasse
pas de cette visite la dernière que nous vous rendrons.
Que
la paix soit sur Hussein, sur ‘Ali le fils de Hussein, sur les
(autres) enfants de Hussein, et sur les compagnons de Hussein.
[Hommage]
Je
voudrais tout d’abord vous adresser à tous des remerciements, aux
hommes, aux femmes, aux vieillards et aux enfants, vous qui êtes
venus des différentes villes de la Bekaa et des différentes régions
du Liban pour faire revivre ce grand événement et cette occasion
solennelle. J’adresse des remerciements tout particuliers à ceux
qui sont venus de régions lointaines, ont marché de longues heures
durant, et ont passé la nuit dans tel village ou telle ville. Je
demande à Allah, le Glorieux et le Très-Haut, de vous récompenser
de la plus belle des manières pour vos efforts, votre deuil et pour
les condoléances que vous adressez au Prophète – que les
Bénédictions de Dieu soient sur lui et sur sa famille – pour la
calamité qui s’est abattue sur son petit-fils – que la paix soit
sur lui – le Maître des Martyrs. Vous avez toujours répondu à
l’appel du Prophète – que les Bénédictions de Dieu soient sur
lui et sur sa famille – et à l’appel de son petit-fils, le
Maître des Martyrs – que la paix soit sur lui – à toutes les
étapes, en toutes circonstances, sur tous les terrains, sur toutes
les places, sur tous les fronts, et n’avez été avares ni
d’argent, ni de sang, ni de présence, ni de voix, ni de cris, ni
de prises de positions, ni de sacrifices, si grands et précieux
soient-ils.
[La
victoire de Hussein]
Aujourd’hui,
cette procession, ces masses, cette présence convergent en ce lieu
où vous vous trouvez actuellement, et où, durant l’année 61 de
l’Hégire, passèrent et furent exposés les captifs [de
l’armée de Yazid, après la bataille de Karbala et le martyre de
Hussein et de la plupart des membres de sa famille et de ses
compagnons],
ainsi que les têtes des martyrs, dans des circonstances très
difficiles, tragiques, douloureuses, cruelles / accablantes.
Aujourd’hui, en marchant sur les pas mêmes de cette procession,
exactement au même endroit, vous adressez un message au monde
entier. Ce message affirme que cette voie morale, cette foi, cette
spiritualité, cet esprit de combat qui allèrent jusqu’au
sacrifice ultime, et ce depuis le premier jour de la Mission
prophétique de Muhammad – que les Bénédictions de Dieu soient
sur lui et sur sa famille – jusqu’à Badr et Uhud,
jusqu’à Karbala, cette voie restera vivante, forte, enracinée,
perpétuelle, capable de façonner la communauté (islamique) et de
la pousser à la défense de sa fierté, de sa dignité, de son
honneur, de sa générosité et de sa noblesse.
Aujourd’hui,
lorsque nous vous regardons, nous savons qui a été victorieux à
Karbala en l’an 61 de l’Hégire, et nous savons qui a été
vaincu. Lorsque nous regardons vos visages, votre volonté, votre
nombre, votre détermination, votre présence, lorsque nous regardons
ces millions de personnes réunies dans la ville de Karbala, qui
saturent le tombeau d’Aba ‘Abdillah al Hussein – que la paix
soit sur lui – ainsi que celui de son frère Abi al Fadhl al ‘Abbas
– que la paix soit sur lui – aujourd’hui, durant ces heures
précises, nous savons qui a été victorieux lors de la bataille de
Karbala, et qui a été vaincu, et nous savons quelle est la voie (la
logique) qui a été gravée dans l’éternité. Est-ce la logique
« Trame tous tes complots, évertue-toi dans toutes tes
manigances et déploie tous tes efforts à ta guise, mais (j’en
jure) par Allah, tu n’atteindras jamais notre rang ni notre statut,
tu n’effaceras jamais notre nom des mémoires, des cœurs ou des
lèvres, et tu n’éteindras jamais notre mention »
qui a triomphé, ou est-ce la logique « Les Banu Hachim
(famille dont est issu le Prophète) se sont emparés du pouvoir par
des manigances ; ce n’était pas là une mission
(prophétique), et aucune Révélation n’est descendue des
Cieux » ? Est-ce la logique de Zaynab ou celle de Yazid ?
Est-ce la logique de Hussein ou celle de Yazid ? Est-ce la
logique de l’Islam ou celle de l’Age de l’Ignorance ?
Est-ce le projet de l’Islam ou celui de l’Age de l’Ignorance ?
Ce
dont nous sommes témoins aujourd’hui, partout à travers le monde,
et ce que nous avons vu à travers les siècles, réaffirme
l’identité du victorieux, dont a parlé notre Imam Zayn al
‘Abidin
– que la paix soit sur lui – le maître de la procession de la
tristesse, de la fierté, de la détermination, de la volonté et de
la loyauté, lorsqu’il entra dans la ville de Médine et fut
interrogé par un impudent (qui se réjouissait de la situation) en
ces termes : « Qui donc a été victorieux ? »
Il répondit : « Quand tu entendras l’appel à la
prière, tu sauras qui a été victorieux. Lorsque tu entendras
l’appel à la prière vibrer des termes ‘J’atteste qu’il n’y
a d’autre Dieu qu’Allah et que Muhammad est son Messager’ –
que les Bénédictions d’Allah soient sur lui et sur sa famille –
tu sauras qui est le victorieux. »
Et
aujourd’hui encore, nous savons qui a été victorieux lorsque nous
entendons le nom de Muhammad, le Messager d’Allah – que les
Bénédictions d’Allah soient sur lui et sur sa famille –,
résonner dans les appels à la prière, les plateaux télévisés,
les chaînes satellites et les stations de radio, cinq fois par jour,
à travers le globe. Nous savons alors que le sang a triomphé de
l’épée à Karbala, et que le projet de Hussein, le petit-fils de
Muhammad – que la paix d’Allah soit sur eux – est celui qui a
triomphé l’an 61 de l’Hégire. Nous savons que la procession des
captifs, que Zayn al Abidin, que les têtes exhibées à la pointe
des lances, que les femmes couvertes de chaînes, qui furent amenées
à pied sur une très longue distance jusqu’à Baalbeck, puis
jusqu’à Damas, sont les vainqueurs, les victorieux, et le restent
jusqu’à ce jour.
Aujourd’hui,
à travers cette commémoration, nous réaffirmons cette idée,
l’idée de la vitalité de ce projet, de la vitalité de cette
communauté, de la vitalité de cette religion. De même, nous
exprimons notre loyauté, notre gratitude, et notre reconnaissance
sincère et totale du Prophète – que les Bénédictions d’Allah
soient sur lui et sur sa famille –, de la famille du Prophète –
que les Bénédictions d’Allah soient sur eux –, des Compagnons
du Prophète, de ceux qui sont tombés martyrs aux côtés de Hussein
à Karbala, et qui, par leur sacrifice, nous ont préservé ce
message divin et l’ont transmis aux générations à venir, de
telle sorte que nous soyons, en ce temps présent, parmi ceux qui y
croient, qui s’y engagent, et qui agissent en conséquence, de
telle sorte que nous y façonnions nos victoires, notre gloire, notre
présent, notre avenir, l’unité de notre communauté et la dignité
de nos peuples.
[Les
périls de notre temps]
Mes
frères et sœurs ! La commémoration de cet événement majeur
et grandiose, surtout durant les temps que nous vivons, a une
importance toute particulière, comme cela a été le cas à d’autres
moments de l’histoire. Aujourd’hui, la marche à pied vers
Karbala se fait dans des conditions dangereuses, au milieu des
explosions et des attentats suicides, des tueries et massacres de
groupes qui sont le fait de cette école takfiriste (qui accuse de
mécréance) et meurtrière qui est aujourd’hui l’outil de
l’Amérique (des Etats-Unis) afin de créer une sédition sanglante
au sein des enfants de cette communauté et de leurs différentes
écoles et factions. Mais les explosions et les attentats suicides
ont-ils été capables, durant toutes ces années, d’entraver ou
d’empêcher l’expression de cette passion pour Hussein et pour
son grand-père – que les Bénédictions d’Allah soient sur eux
–, à travers les processions de millions de fidèles, marchant à
pied en direction du tombeau de Aba ‘Abdillah al Hussein – que la
paix soit sur lui ?
Les
tueries n’empêcheront pas les Pakistanais, dont les bus sont la
cible d’explosions sur les frontières pendant le trajet qui les
mène auprès de Hussein, de venir et revenir le visiter, pas plus
que les assassinats et les attentats n’empêcheront les visiteurs
(pèlerins) Iraniens, Iraqiens, Libanais, ou toute personne désireuse
de rendre visite à Hussein, et provenant de quelque endroit du monde
qui soit, de rendre visite à Hussein durant ces occasions, ni les
kidnappings de visiteurs. A travers l’histoire, des milliers, et
même des dizaines de milliers de personnes ont trouvé le martyre
afin que cette commémoration reste vivante et soit gravée dans
l’éternité.
Aujourd’hui,
je m’adresse à ces meurtriers, à ceux qui perpètrent de ces
massacres, pour leur dire que leur méthode est vouée à l’échec.
Cette méthode est incorrecte, inefficace, et n’entraînera que
plus d’attachement, de conviction, et d’enracinement à ces
principes. Cette méthode ne peut modifier les croyances et
convictions de personne. Il faut pleinement reconsidérer cette
méthode, que ce soit à l’intérieur de la sphère islamique, en
direction de ceux avec qui cette école takfiriste diffère d’avis,
de pensée, d’école, de faction ou de méthode, parmi les sunnites
ou parmi les chi’ites, ou même dans la sphère plus générale
(des autres religions). Que signifie donc ce dont nous avons été
témoins durant ces dernières années, et surtout durant cette
dernière année, à savoir des explosions dans des églises, ce dans
plus d’un pays musulman et arabe ? Que signifie le massacre de
chrétiens dans des églises, au prétexte de les empêcher de fêter
Noël ou le Réveillon ? Même du point de vue de l’Islam et
de la jurisprudence, qui donc prétend que ces actes vous sont
permis ? C’est là une partie des rituels et commémorations
que l’Islam a permis et respectés à travers l’histoire. Depuis
l’arrivée même de l’Islam dans ces régions, ces églises
célèbrent Noël et d’autres fêtes saintes et occasions de leur
calendrier.
C’est
donc vous qui apportez une nouvelle religion. C’est donc vous qui
introduisez une nouvelle innovation (bida’a,
hérésie) en voulant imposer jusqu’aux détails infimes de votre
pensée par la tuerie, le meurtre, les massacres, les attentats. Mais
vous ne parviendrez pas à vos objectifs. Cette voie est sans issue,
et doit être bloquée de toute façon.
[Section
politique du discours]
[Les
dangers de la sédition]
Mes
frères et sœurs ! Nous vivons actuellement, au Liban et dans
la région, l’une des étapes les plus importantes, les plus
dangereuses, et les plus sensibles de notre histoire. L’atmosphère
générale qui prévaut sur la région et celle des séditions. Et
malheureusement, la boussole de beaucoup personnes s’est affolée.
Les priorités se sont brouillées, les normes et principes ont
changé et se sont même corrompus et perdus. Les haines et rancœurs
sont les émotions triomphantes, et jusqu’aux propos que nous
entendons dans les différents plateaux, les échanges (dans les
émissions de débat) que nous regardons à travers les satellites ne
sont plus des dialogues ou des échanges, ni des concertations, ce ne
sont que des insultes et des invectives. Deux personnes s’assoient
autour d’une table et s’invectivent mutuellement, durant une
heure, une heure trente, à quelques rares exceptions près.
C’est
là un stade extrêmement dangereux, qui impose aux individus d’être
plus calmes encore, plus prudents, plus à l’écoute, plus précis
(dans leurs propos), plus aptes à assumer leurs responsabilités,
car c’est une étape très sensible dans laquelle tout est
confusément mêlé dans une très large mesure.
Le
plus dangereux projet auquel sont confrontés notre région et notre
communauté à ce stade et surtout durant les dernières années est
le projet de division (de redécoupage des frontières et des
nations). C’est le découpage des pays existants en plus petites
entités, sur des bases sectaires, factionnelles, ou raciales. Même
les pays dans lesquels il n’y a qu’une seule religion, une seule
école religieuse, on veut les diviser en nord, sud, est et ouest, ou
sur des bases tribales, ou d’autres divisions de la sorte.
Aujourd’hui,
le jour de l’Islam et de la vivification de l’Islam et de la
communauté, nous réaffirmons que nos principes et nos positions
rejettent toute forme de division, tout appel au séparatisme ou à
la partition d’un quelconque pays arabe ou islamique. Nous
insistons lourdement sur la nécessité de préserver l’unité de
tous les pays, et ce quels que soient les sacrifices, si grandes
fussent les difficultés, si implacables fussent les oppressions et
la tyrannie, et si légitimes fussent les demandes et revendications
de droits. Nous ne parlons pas de craintes illusoires ou imaginaires.
Cette menace de partition pèse sur de nombreux pays arabes comme le
Yémen, l’Iraq (où la sédition sectaire est ravivée), la Syrie
(qui est menacée plus que jamais auparavant), l’Egypte, la Libye
et même l’Arabie Saoudite, entre autres pays arabes et islamiques.
Il y a des projets et complots de partition qui doivent être
combattus.
Les
peuples de chaque pays peuvent essayer de se mettre d’accord pour
gérer leurs affaires et sur la forme de l’autorité administrative
et gouvernementale, ce sont là des questions qui restent ouvertes et
peuvent être adressées en tout temps, mais à l’aune de l’unité
du pays, et non avec la précipitation vers la division et la
partition. Il est sûr que cette menace pèse également sur le
Liban, et c’est pourquoi nous devons réaffirmer aujourd’hui plus
que jamais notre engagement plein et entier en faveur de l’unité
du Liban en tant que pays, territoire, peuple, Etat et institutions.
Si des projets de partitions en petits états ou émirats se
fomentaient ici ou là, tous les Libanais devraient les rejeter. Le
Liban est trop petit pour être divisé ou partitionné. Si un tel
projet peut avoir de quelconques chances de se réaliser dans quelque
autre pays, ces potentialités sont absolument absentes ici. Les
Libanais aujourd’hui sont appelés à revivifier cette logique, la
logique de la préservation de l’unité de cette nation, l’unité
de ce peuple, l’unité de ce territoire, l’unité de ces
institutions, et rejeter toute forme de division ou de séparatisme.
[L’influence
de la situation syrienne sur le Liban]
Deuxièmement
(j’ai énoncé le premier point sans dire « Premièrement ») :
Mes frères et sœurs ! Nous ne devons pas nous cacher derrière
notre index (doigt), et reconnaître que le Liban est le pays qui est
le plus influencé par ce qui se passe autour de lui, surtout par ce
qui se passe en Syrie. C’est là une conséquence de la
constitution interne du Liban, de sa diversité et pluralité
religieuse, factionnelle et politique.
Notes :